Je vais vous avouer quelque chose : j’ai une certaine fascination pour les destinations « exotiques », ces endroits où les gens ne s’imaginent pas forcément partir. Le Luxembourg par exemple est un pays qui ne fait pas rêver, pareil pour le rocher de Gibraltar et pourtant moi, ça m’intéresse. Si je vous dis ça, c’est parce que le sujet d’aujourd’hui est décalé, certains diront même bizarre. L’année dernière, j’ai prévu un week-end aux Pays-Bas en voiture avec ma moitié et une amie. Notre objectif était de relier Rotterdam (SPOILER pour un prochain article !) et sur la route, nous allions donc traverser la Belgique. La Belgique est un pays pour lequel j’ai une affection particulière parce qu’il me permet de cumuler deux choses que j’aime : visiter de nouveaux endroits et faire de la route. Du coup, j’ai regardé si je ne pouvais pas trouver sur le chemin de Rotterdam un endroit insolite à visiter. Bingo ! A quelques kilomètres d’Anvers se trouve la ville de Doel dont je vais vous parler.
Doel : visiter une ville abandonnée ? Sérieusement ?
Je vois que derrière votre écran, vous avez l’air sceptique (si si, je le vois). Eh bien sachez que vous n’êtes pas les seuls. En effet, j’ai eu bien du mal à convaincre mes deux camarades de voyage à faire une escale à Doel. « Mais y’a quoi là-bas ? », « ça doit être glauque non? » « où t’as trouvé cette idée ? » sont quelques-unes des remarques que j’ai entendues pendant les 360 km qui séparent la région parisienne de ce village flamand.
Et vous aussi, vous allez me dire « mais pourquoi voulais-tu y aller ? » C’est difficile à expliquer mais j’avais envie de voir à quoi ressemblait un village dont le destin était presque scellé, de me balader dans ces rues désertes et d’admirer le travail des graffeurs qui ont investi les lieux. Et puis tout simplement parce que c’est insolite et que ça m’intrigue !
La triste histoire de Doel
Si Doel est maintenant un village abandonné, c’est donc qu’il a été habité. Et on verra plus tard qu’en fait, il l’est encore un peu. Je ne vais pas rentrer dans les détails précis car d’autres ont fait cela bien mieux que moi mais, en gros, dans les années 90, un projet d’expansion du port d’Anvers a vu le jour et a menacé le village. Ses 900 habitants ont été invités (contre compensation financière) à déménager mais certains font de la résistance ce qui a d’ailleurs mis en stand-by le projet. Doel est donc en sursis mais pour combien de temps ?
Arriver dans le village de Doel
C’est donc en milieu de journée (un samedi pour être précis) que nous approchons de Doel. Waze a l’air de savoir ce qu’il fait même si les routes sont désertes et qu’on a plus l’impression d’entrer dans une zone industrielle que dans un village. Mais comme le village est censé être abandonné, c’est peut-être normal. Nous finissons par arriver. Vous vous doutez bien qu’il n’y a pas foule donc aucune difficulté à trouver une place.
Le village de Doel n’est pas très grand, imaginez-le comme un damier de 4 rues par 3. Pourtant, il comporte (ou comportait… doit-on parler de lui au passé ?) une église, un cimetière, une école et un bar (toujours ouvert) où les travailleurs du coin viennent déjeuner. Doel est très apprécié des amateurs d’exploration urbaine et des graffeurs. Les devantures sont recouvertes de tags et de peintures dont certains plutôt sympas. On trouve aussi du moins bon, il faut évidemment faire le tri.
Avant d’aller à Doel, j’avais lu que de nombreux visiteurs aimaient s’aventurer à l’intérieur des demeures abandonnées. Nous n’aurons pas cette chance (j’avoue, je serai bien entré dans une des maisons) car des grosses plaques métalliques ont été placardées sur les portes et les fenêtres. Dommage car cela gâche certaines peintures…
Se balader dans les rues de Doel est assez grisant, je trouve. Les rues sont tellement silencieuses que le moindre bruit attire mon attention. On se croirait dans un film d’horreur. C’est d’ailleurs ce qu’on dû ressentir mes deux camarades de voyage qui étaient loin d’être à l’aise. Comme quoi ce genre d’excursion ne plaira pas à tout le monde.
« Doel moet blijven »
« Doel doit rester ». C’est ce qu’on peut lire à différents endroits du village. Car comme je l’ai dit à plusieurs reprises, tout n’est pas complètement abandonné. Quelques habitants font de la résistance et ça se voit. A coté des maisons en ruine et abandonnées, certaines ont les façades décorées de fleurs et d’objets. Le but ? Montrer qu’il sont là et surtout éviter que les visiteurs en quête de découvertes ne s’aventurent chez eux en pensant que la maison est vide !
Doel abrite également un moulin classé comme monument historique depuis 1946. Il a été réaménagé comme un café qui, bizarrement, a son petit succès. Quelques voitures sont garées tout près, des gens se baladent sur cette allée verte coincée entre une centrale nucléaire et le port d’Anvers. C’est décidément un spectacle insolite…
Doel mérite le coup ou pas ?
Si ça ne tient qu’à moi, je vous dis oui. Si vous demandez à mes camarades, pas sûr qu’elles soient de mon avis. Ce qui est sûr, c’est que Doel est une escapade insolite et que si vous passez dans le coin, ce serait dommage de s’en priver surtout si vous aimez les ambiances un peu « creepy » des films d’horreur. Bon après, je ne vous conseille pas d’y rester la nuit hein…
Je vous laisse avec quelques images sur Doel au début de la vidéo qui contient un GROS SPOILER sur les prochains articles.